Discours du Camarade Président Samuel BILLONG ( causerie participative de Yaoundé 25/07du 29 août 2020)

Mesdames, Messieurs, chers amis

Nous sommes à la deuxième causerie participative du Mouvement Réformateur depuis la relance de nos activités en mai dernier. Et je vous remercie d’être venus ci-nombreux !

Il faudra ajouter à ces rencontres avec les militants et sympathisants, l’organisation le 29 mai dernier du séminaire sur la communication du parti et la tenue de deux réunions du bureau politique.

C’est dire que le parti reprend effectivement sa marche en avant après une longue période d’inactivité.

Je vois dans la salle des personnes que je n’ai pas vues il y a fort longtemps ! J’en conclus que le message est bien passé !

Je vois aussi une forte présence des medias. J’en conclu que notre message du jour passera. Il faut se féliciter de cette présence de la presse car c’est elle qui nous aide à atteindre les camerounais des quatre coins du pays. Je constate par ailleurs que nous sommes de plus en plus relayés.

Merci aux medias.

Nous parlerons de quoi ce jour ?

Sur les billets d’invitation, le thème annoncé est : « Connaître le Mouvement Réformateur ». Ce n’est pas très précis, il faut le reconnaître car toutes nos causeries visent à nous faire connaître. L’explication de cette imprécision est simple, jusqu’à ce matin, je ne m’étais pas encore décider sur le sujet de notre échange, il y a tellement des choses à se dire au regard de l’actualité du pays. J’ai donc embarrassé notre camarade Patrice, le Secrétaire Général qui devait faire partir les invitations.

De toutes les façons, le secrétaire Général vient de vous faire connaître le parti au travers de sa brillante présentation. Il vous a parlé de la création, du parcours et de notre ambition qui se lit dans notre devise : Unité – liberté – Modernité.

Je vais ajouter une seule chose : retournez vos billets et lisez le message au verso.

« La république et la démocratie sont en danger. Notre profond engagement pour sauver la république et la démocratie au bénéfice de la paix dans notre pays nous conduit à transcender nos clivages régionaux, ethnolinguistiques, socioprofessionnels, religieux et générationnels autour d’un grand Mouvement. »

Depuis 2007, ce message est au verso de nos invitations. C’est ça le Mouvement Réformateur. Avec notre devise, ce message est ce qui nous caractérise le plus. Transcender nos clivages, c’est à la fois notre profond attachement à l’unité du pays et aux libertés individuelles et collectives.

Qui peut dire aujourd’hui que le Cameroun n’est pas en danger ?
Qui peut dire aujourd’hui que le Cameroun est un pays en paix ?
Qui peut parler aujourd’hui de démocratie apaisée parlant de notre processus démocratique ?

A la lumière de tous les dangers ou régressions que connait le pays aujourd’hui, je vous invite à parler de l’unité de la Nation Camerounaise. C’était déjà le thème de notre causerie à Douala au foyer Bobon le 28 mai 2011. Il y a un peu plus de 9 ans.

Mais avant, permettez-moi, après les remerciements à la presse, de faire quelques remerciements aux camarades et militants de notre parti qui nous ont permis d’être là aujourd’hui.

A notre très grand Secrétaire Général. Merci Patrice pour tout le travail abattu pour l’organisation de cette rencontre

Merci à Edith Mireille notre Vice-présidente, responsable de la communication du parti. Je pense que pour l’essentiel, nous te devons la présence très honorable des medias ici aujourd’hui.

 

Merci à Pierre Florent, notre webmaster qui, sur le web, mène un travail de titan pour que le Mouvement Réformateur soit présent dans les réseaux sociaux
Merci à Florence, à Raphaël, à Emmanuel…… à tous les militants qui ont vivement participer à l’organisation de cette causerie. Merci pour cet autre pari gagné.

Venons chers camarades et amis à notre sujet du jour ! L’Unité de la Nation Camerounaise ou si vous voulez, parlons des menaces graves à l’unité nationale.

Je vous ai rappelé que nous avions abordé ce thème en mai 2011. Avec votre permission, je vais me citer en revenant sur mon discours lors de la causerie au foyer de Bobon :

« Nous au MR, nous sommes persuadés que c’est à nous de construire l’avenir du pays. Un avenir qui ne peut se concevoir sans unité. Dans cette ambition, il n’y a pas de place pour l’exclusion. C’est pourquoi nous appelons toutes les camerounaises et tous les camerounais à s’engager résolument dans la voie de la construction de la nouvelle nation camerounaise unie, libre et moderne.

C’est dans cette perspective que nous exhortons le Président Paul Biya à renoncer à se présenter à la prochaine élection présidentielle et d’engager la Nation toute entière dans la voie d’une transition pacifique et démocratique du pouvoir politique.

Nous exhortons le président Biya à écouter la voie de son cœur, la voie de la sagesse du patriarche qu’il est devenu par la force de l’âge et de son exceptionnelle expérience au sommet de l’Etat.

Monsieur le Président de la République, fermez-vous à la duplicité et à la flagornerie de tous vos courtisans. Aujourd’hui promptes à vous pousser au mur et qui, à la prochaine occasion, n’hésiteront pas de vous renier. L’appel du peuple à vous représenter n’en est pas un. »

C’était en 2011. N’avions-nous pas vu juste ? Qui peut dire aujourd’hui que le Mouvement Réformateur avait tort de faire cet appel au Président Biya. Où se trouve le Cameroun aujourd’hui ?

Pour ceux qui suivent l’actualité de l’Afrique de l’ouest, le président Mahamadou Issoufou du Niger qui a été élu à la tête du Niger en 2011, puis reconduit en 2016 pour un second mandat de cinq ans a catégoriquement rejeté l’idée d’une modification constitutionnelle pour le 3ème mandat. Pour lui et son parti, un 3ème mandat signifie un coup d’État pour un parti qui a l’ambition de stabiliser le pays pour progresser. Deux de ces partisans ont même été condamnés pour avoir appelé à un 3ème mandat.
A l’instar du Niger, plusieurs Chefs d’Etat de la CEDEAO ont rangé « la modification constitutionnelle pour un 3ème mandat » parmi les coups de force et, c’est bien cela.
Nous constatons que le pays était en paix jusqu’en 2011. Le Cameroun était cité comme exemple de stabilité et de concorde nationale. Il y avait certes des velléités comme dans la zone anglophone avec un mouvement sécessionniste très marginal mais toutes ces tentatives ne pouvaient pas prospérer dans la mesure où le régime était dans une trajectoire démocratique.

En 1982, le Président Biya a hérité du pouvoir conformément aux dispositions constitutionnelles. Il a résisté à juste titre (légitimement) à la vague des conférences nationales souveraines venue d’ailleurs au début des années 90. La Nation a trouvé un consensus qui s’est globalement incarné dans la modification constitutionnelle de 1996 avec la limitation à 2 mandats présidentiels

Difficile alors de ne pas associer la situation sécuritaire délétère actuelle du pays avec la logique de la force, de la défiance au peuple qui se lit dans la modification constitutionnelle de 2008 et les nombreux jeunes gens tués parce qu’ils s’opposaient à cette forfaiture. Nos amis du parti au pouvoir qui ont lancé les appels à la modification de la constitution en 2008 devraient en premier lieu se sentir responsables de la situation des crises graves que connait le pays en ce moment car ils se sont écartés de l’ambition démocratique du pays en 2008 avec cette modification de la constitution pour installer dans le pays l’idée de la prédominance de la force pour le pouvoir.

Le parti au pouvoir a ouvert la boîte de pandore et l’unité nationale est fortement menacée aujourd’hui par le règne de la force en lieu et place de la concorde nationale. Certains ont cru qu’ils étaient plus forts parce qu’ils ont le pouvoir et les armes. La réponse n’a pas tardées, ce sont les guerres à travers le pays. C’est la défiance aux institutions, les appels ouverts à l’insurrection armée, c’est la divisions des camerounaise en clans.

Le pays est plongé dans la guerre depuis 2014 dans l’extrême-nord sous la menace des attaques attribuées à Boko Haram et depuis 2016, les régions du nord-ouest et du sud-ouest sont en crise. La gestion de cette crise qui a dérivé en guerre civile est telle que nul ne peut aujourd’hui prédire son issue en dehors de toute propagande. Qui peut parier aujourd’hui que le Pays ne sera pas partitionné comme l’a été le Soudan récemment ?

Le Mouvement réformateur est particulièrement préoccupé par le risque de déchirement national que les extrémistes de tous les bords font courir au pays. La situation sécuritaire délétère dans ces régions, caractérisée par la recrudescence des actes de guerre et de barbarie a fait l’objet d’une session extraordinaire de notre Bureau politique la semaine dernière, le 20 août plus précisément pour rappeler aux autorités leur missions aussi bien de protection des populations que de reconstruction de la paix dans les zones en guerre dans une démarche à la fois introspective et conciliante.

L’actualité du pays c’est aussi la lutte acharnée pour le pouvoir entre ceux qui sont prêts à tout pour le conserver et ceux qui ne lésinent pas sur les moyens pour le conquérir. Le pays est divisé entre ceux qui n’hésitent pas à instrumentaliser les institutions à des fins égoïstes et ceux qui sont tentés d’aller au-delà du cadre républicain et démocratique en incitant à la révolution partisane, voire à l’insurrection armée pour accaparer le pouvoir. La virulence des sorties d’un camp comme de l’autre, l’ampleur de la lutte pour le pouvoir au pays expose le pays à un cycle interminable de violences et d’affrontements partisans ou intercommunautaires.

Face à ce tableau, Le Mouvement Réformateur appelle le Président Biya et le parti au pouvoir dans le cadre d’un dialogue républicain à ramener de l’ordre dans le pays, à apaiser, à réconcilier et à reconstruire la paix pour permettre au pays de reprendre sereinement la conquête du développement, de la modernisation. C’est eux qui sont aux manettes, c’est leur responsabilité et la première réponse du Mouvement Réformateur c’est de mettre le Chef de l’Etat et le parti au pouvoir face à leurs responsabilités.
A défaut, nous appelons la Nation dans son ensemble d’abord à prendre conscience du péril qui guette la construction nationale et à construire le cadre qui, de manière pacifique et démocratique, va permettre au pays de reprendre sa marche en avant. Il ne s’agit pas ici de prendre le risque d’installer le pays dans un cycle de violences et d’affrontements partisans ou intercommunautaires. Mais de réunir toutes les forces vives de la Nation dans une démarche qui dépasse tous les clivages pour sauver la République et la Nation. C’est le sens du message au verso de vos billets d’invitation.
Mesdames, Messieurs, chers amis

Vous l’avez compris, face aux menaces qui pèsent sur l’unité du pays, le Mouvement Réformateur propose la voie de la concertation républicaine et celle de la mobilisation citoyenne inclusive et non violente pour que le pays retrouve la paix et la concorde. Etat sans lequel aucun développement n’est possible.

Nous vous invitons à être nos messagers. Des messagers de la vérité et de la paix. C’est essentiel d’être dans la vérité et loin d’une propagande partisane pour espérer ramener le pays sur le chemin de la résolution des crises qui menacent l’unité nationale. C’est essentiel d’être pour la résolution pacifique des crises, de sortir de la confrontation pour éviter au pays de s’installer dans un cycle sans fin de violences et d’affrontements partisans ou intercommunautaires.

Il nous restera les élections dans quatre ans si rien n’est fait dans l’intervalle pour que le pays retrouve l’ordre et la paix. Il faudra alors une mobilisation exceptionnelle des camerounaises et des camerounais au-delà de tous les clivages pour arriver à une alternance salutaire pour le pays et c’est en cela qu’au Mouvement Réformateur, nous condamnons toutes les manœuvres des forces qui tendent à créer un climat de division au sein des populations camerounaises.
En tant que parti politique, notre vocation est de construire patiemment mais résolument une alternative à un système gouvernant inopérant pour l’intérêt général. Le pouvoir pour le pouvoir, le pouvoir à tous les prix, les ambitions individuelles ne sont pas à l’ordre du jour au Mouvement Réformateur.
Travaillons ensemble pour la paix et la réconciliation. Ne mettons pas le pays à feu et à sang pour les ambitions égoïstes des uns et des autres. Travaillons ensemble pour l’unité du pays, la démocratie et le développement.
C’est notre message de ce jour, c’est le Message du Mouvement Réformateur.
Je vous remercie de votre attention
Vive le Mouvement Réformateur,
Vive le Cameroun

Samuel BILLONG
Président national