Editorial

EDITORIAL

Comment qualifier la destruction des logements dans certains quartiers de nos villes par les communautés urbaines correspondantes sous le prétexte de l’embellissement ?

Il est un fait que le désordre urbain- la précarité de l’habitat, la construction anarchique dans les espaces impropres au logement- est intolérable du point de vue sanitaire, sécuritaire ou tout simplement de l’urbanisme.
Il n’en demeure pas moins que les casses en cours dans nos cités, la plus célèbre étant Ntaba pour avoir visiblement fait une victime humaine, révèlent un certain nombre de problèmes :

D’abord sur l’attitude du Gouvernement et sa politique du logement : La nature ayant horreur du vide, les construction anarchique tant décriées aujourd’hui par tous sont une réponse juste ou non à l’absence d’une véritable politique du logement dans notre pays et témoignent du désintérêt des gouvernements successifs du Renouveau au quotidien des camerounais. L’inaction ou l’incapacité du Gouvernement à proposer une alternative aux destructions sauvages et arrogantes des logements construits parfois au sacrifice de toute une vie de misère en ait la parfaite illustration.

Ensuite sur le rôle du Délégué du Gouvernement dans une cité démocratique : le Délégué du Gouvernement est indubitablement une incongruité dans un système démocratique. Le dialogue constructif à la base du système démocratique entre les citoyens et les gestionnaires de la cité est battu en brèches par l’irruption dans le système par le Délégué dont on comprend l’arrogance et la brutalité. Il ne remettra pas son mandat en jeu. Il n’aura jamais à rendre compte aux populations. Et dans le contexte de la décentralisation, ceci est un gros anachronisme.

Enfin sur la citoyenneté dans nos cités : l’absence de réaction de la quasi-totalité des organismes parfois promptes à donner les leçons en d’autres circonstances et les applaudissements d’une partie de la population face aux casses sauvages des logements individuels sont d’autant insupportables qu’ils tendent à la criminalisation de la misère. L’insensibilité générale face à la misère et au drame vécu par les victimes d’une certaine arrogance questionne notre citoyenneté et notre volonté de bâtir une nation moderne qui place l’homme au centre de toute démarche politique.

Les casses de Ntaba et autres dans leur conception et leur conduite sont des actes de guerre. Il faut les arrêter.

Samuel BILLONG

 
    
 
  


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