Discours du Camarade Président Samuel BILLONG (causerie participative de Douala 25/07)

Mesdames, Messieurs, cher amis,

Nous sommes aujourd’hui à Douala  dans le cadre de la relance des activités de notre parti conformément à la décision de notre bureau politique qui s’est tenu le 02 mai dernier.

Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui. Après un long moment de silence, nous avons repris la parole et le dialogue avec nos concitoyens sympathisants du Mouvement Réformateur. Dans ce cadre, le Secrétaire Général, notre camarade Patrice et moi-même, nous sommes venus revitaliser la fédération départementale du Wouri. Patrice reviendra plus tard pour l’installation du bureau fédéral. Car j’espère qu’après cette causerie, les membres de la fédération du Wouri vont pourvoir au remplacement des membres du bureau fédéral qui ne sont plus là.

Et s’agissant des membres qui ne sont plus là, je vous demande d’avoir une pensée pour le Docteur EBONGUE Jocelyn Blaise, le défunt président de la fédération départementale du Wouri qui nous a quittés le 29 janvier 2011 et je vous prie d’accorder une minute de silence pour le repos de son âme.

Je dis merci à ceux qui sont toujours là, même s’ils n’ont pas eu grand-chose à faire depuis que les activités du parti ont été mises en veille. Je pense à César, Hubert, Thomas, Giscard, Steve et à tous les autres.

Un merci particulier à Albert notre grand Secrétaire Générale Adjoint. C’est en 2012 que je suis parti de Douala pour Yaoundé où je vis en ce moment pour des raisons professionnelles. Il se trouve que Yaoundé est aussi le siège de notre parti. C’est donc une bonne chose mais, Douala a toujours été une place forte pour le Mouvement Réformateur qui est né ici. Depuis que je ne suis plus ici, Albert essaies de tenir Douala avec son équipe.

Je vois qu’il a réussi à tenir. Votre présence le démontre.

Enfin, merci à vous tous qui êtes venus ci-nombreux. C’est déjà un exploit que vous soyez là. Avec vous, le Mouvement Réformateur reprend sa marche en avant après un moment d’arrêt. Le parti fera son chemin et nous finirons bien par nous imposer sur la scène nationale comme un parti qui compte. Et pourquoi pas, comme le parti leader. C’est la meilleure chose qui puisse arriver à notre pays en ce moment car nous sommes le parti qui œuvre pour l’unité du pays, pour la liberté et le bien-être de nos compatriotes. C’est cela notre devise.

Ceci nous donne l’occasion de dire un ou deux mots sur notre parti et son ambition réformatrice. Barack Obama, le premier président noir des Etats unis d’Amérique a dit que l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions. C’était en juillet 2009 au Ghana. Deux ans avant cet illustre fils de l’Afrique, nous l’avions pensé en faisant de la réforme des institutions notre principal défi avec la création du Mouvement Réformateur.

Regardez comment le pays fonctionne jusqu’aujourd’hui. Regardez aussi notre programme politique, lisez nos cent et une idées réformatrices, vous trouverez sans aucun doute que nos idées sont autant de réponses aux problèmes de notre pays. Prenons quelques-unes.

Le Mouvement veut tripler la durée des sessions parlementaires. Nos députés ne travaillent pas assez pour faire avancer le pays. Trois sessions ordinaires d’à peine un mois chacune et, sachant que l’exécutif transmet au parlement les textes souvent au beau milieu des sessions, nos députés se tournent les pouces en réalité. Beaucoup s’étonnent que le parlement ne produise pas les lois sans voir que dans l’organisation actuelle du parlement, celui-ci n’a qu’environ 6 semaines de travail effectif par an même si les députés touchent 12 mois de salaires et les autres avantages que nous connaissons tous. Donc en 6 semaines, les parlementaires ont à peine le temps pour examiner les textes soumis à leur validation par le Gouvernement. J’ai bien dit validation, pas examen parce qu’en 6 semaines, vous ne pouvez pas avoir le temps d’examiner les textes. Ainsi, lorsqu’un ministre décide de faire passer un texte parfois sans pertinence comme nous l’avons vu avec les artistes, celui-ci passent comme une lettre à la poste.

Nous pouvons même nous demander ce que les gens vont y chercher dans ces conditions. De toutes les façons, dans la configuration actuelle, si quelqu’un  vous dit qu’il est au parlement pour faire avancer le pays, dites-lui que mange seulement ta part. C’est ça qui est vrai. Les gens qui aiment manger sans travailler partent aux parlements. Si tu veux travailler même un peu, tu vas à la commune. Parce que là-bas tu peux quand même avoir un petit impact sur la vie des citoyens.

Vous comprenez alors qu’aussi longtemps qu’on n’aura pas rallongé la durée des sessions parlementaires, le parlement restera une chambre d’enregistrement et d’enrichissement individuel pour les parlementaires, une chambre sans impact sur la vie de la nation et dédié à la gloire d’un homme.

Le mouvement Réformateur veut rendre le gouvernement responsable devant le parlement et élargir les pouvoirs du chef du gouvernement. Les mauvaises langues disent que notre Premier Ministre est le premier des Ministres. La réalité est que le partage des pouvoirs au sein de l’exécutif entre la Présidence et le Gouvernement est totalement déséquilibré en faveur de la Présidence laissant quasiment sans pouvoir le Gouvernement qui doit pourtant être quotidiennement au Service des citoyens.

Lorsque le premier Ministre a pris des initiatives pour faire appliquer la loi de 2017 qui consacre la limitation des mandats des dirigeants de sociétés d’Etat, c’est par une simple lettre que le Ministre d’Etat Secrétaire Général à la présidence l’a stoppé. L’ultra-domination de la Présidence de la République sur le Gouvernement est indiscutable, elle est même paralysante pour l’action quotidienne du gouvernement. Dans l’exemple que nous avons pris, vous voyez que la Présidence domine même outrageusement le Gouvernement. Une simple lettre du Secrétaire Général des services de la présidence arrêt l’action du Chef du Gouvernement.

Dans cet épisode, nous avons vu heureusement la bravoure et l’élégance de certains citoyens. Je pense en particulier à Madame  Ondoua Biwolé et Monsieur Jean Pierre KEDI qui ont démissionné de leurs fonctions respectives de DGA de l’Institut supérieur de Management public (ISMP) et DG de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) pour se conformer aux dispositions de la loi. Ces compatriotes sont à citer en exemples pour nous qui sommes réformateurs. Car pour nous, les privilèges individuels ne sauraient être des obstacles au bon fonctionnement des institutions, ni des motifs pour violer la loi.

Si le Mouvement Réformateur arrive au pouvoir demain, ils peuvent être rassuré qu’ils seront encore plus honoré parce que bien ce type de comportement que le Mouvement Réformateur veut promouvoir. Nous voulons des femmes et des hommes libres, fiers et travailleurs pour bâtir une grande Nation demain.

C’est la transparence dans les nominations qui peut assurer à la Nation d’avoir ce type de profils dans les rouages de l’Etat. Et c’est l’équilibre des pouvoirs au sein de l’exécutif qui peut garantir la transparence. Ainsi, lorsque les pouvoirs sont équilibrés comme le souhaite notre parti, le Président qui a le pouvoir constitutionnel de nommer aux hautes fonctions, le fait sur proposition du gouvernement, du Premier Ministre. Et pour les fonctions ayant une haute sensibilité dans le bon fonctionnement de l’Etat, l’avis du parlement devrait être pris en compte.

Ne me demandez pas comment ça se passe aujourd’hui. Je n’en sais rien. Mais demain, le Mouvement Réformateur va instituer la transparence dans les nominations aux hautes fonctions de l’Etat. C’est un impératif car bien des drames que nous vivons aujourd’hui au pays sont la conséquence des mauvais choix des hommes dans la conduite des affaires publics. Ça passe par l’équilibre des pouvoirs dans l’exécutif.

Sur le pouvoir judiciaire, comment allons-nous faire pour garantir l’indépendance des Magistrats ? Entre autres idées, Nous pensons au Mouvement Réformateur que Le Conseil Supérieur de la Magistrature présidé par le Patron de l’exécutif doit être supprimé, la nomination des magistrats doit être encadrée par le parlement et le nouveau statut des magistrats doit leur garantir une certaine inamovibilité et l’automaticité de leur avancement.

Il faut une justice réellement indépendante dans notre pays. L’instrumentalisation de la justice est aujourd’hui à son plus haut niveau et ça se passe au vu et au su de tout le monde. Il vaudrait mieux ne pas avoir de diffèrent avec quelqu’un ou quelqu’une au bras long. Sur l’affaire du journaliste Samuel WAZIZI par exemple, nous avons vu une justice totalement impuissante faisant le procès d’un mort. Personnellement, je l’ai trouvé dramatique. Combien de citoyens sont détenus injustement alors que la peine encourue  par le délit ou l’infraction est largement dépassée faute de célérité dans le traitement des dossiers ?

La presse rend compte tous les jours des cas d’instrumentalisation de la justice et des exemples de trafic d’influence dans nos tribunaux. Ceci est dû Pour l’essentiel au manque d’indépendance de la justice et cet état des choses ne rassure pas les justiciables que nous sommes mais aussi, la sérénité et la confiance des magistrats sont fortement entamées. Nous souhaitons avoir des juges qui impactent la vie de la Nation et des citoyens, qui peuvent s’autosaisir là où le besoin l’impose et qui rende effectivement justice au nom du peuple souverain. Nous encourageons les magistrats à se constituer en syndicat pour faire contre-pouvoir face à l’exécutif ultra dominant.

Chers camarades et amis,

Vous l’avez compris, le Mouvement Réformateur c’est le parti qui accorde la primauté aux idées. Nous ne sommes pas le parti d’un homme ou au service d’un homme. Le temps des rêves messianiques est passé.  Ceux qui pensent aujourd’hui que l’engagement politique ne vise qu’à faire d’un homme le prochain Président de la République vendent du vent aux citoyens. Ceux qui pensent que l’avenir du Cameroun peut se confondre à celui d’un homme se trompent lourdement. Ceux qui pensent qu’il y a qu’un homme dans ce grand pays capable de diriger ce pays ne pense qu’à eux-mêmes en réalité et croient tromper le Peuple.

Au Nigéria qui est un pays frère, l’ancien Président M. Obasanjo a été élu en 1999 et réélu en 2003. Pour les élections qui suivaient son deuxième mandat, il a été tenté par un troisième mandat consécutif mais c’est dans son propre camp que les voix se sont levées pour dire non et le Président Obasanjo n’a pas pu se présenter à l’élection présidentielle en 2007. Le Nigeria ne s’en porte pas si mal. Les institutions doivent passer avant toute chose. Le respect des institutions n’est pas quelque chose qui est réservé à une catégorie des citoyens. Tous les citoyens doivent respecter les institutions sans réserve. Le parti au pouvoir et ceux en responsabilité doivent montrer le bon exemple dans le respect des institutions de la République.

Contrairement à ce qui s’est passé au Nigéria avec le rejet par le Senat de ce pays de la possibilité d’un troisième mandat pour le président Obasanjo, chez nous, le parti au pouvoir et tous les officiels se sont mis ensemble pour la modification de la constitution en 2008 permettant au Président Biya de se représenter en 2011, en 2018, en 2025, en 2032.

Le Cameroun se porte-t-il mieux aujourd’hui qu’avant 2011 ? Ceux qui ont lancé les appels à la modification de la constitution en 2008 doivent répondre à cette question.

Lorsqu’on ne respecte pas la constitution et on pense pouvoir la tripoter au gré des intérêts partisans, qu’elle force morale on a après pour exiger à des citoyens le respect des principes constitutionnels ?

Notre pays est aujourd’hui au bord du déchirement parce que des camerounais d’un côté comme de l’autre ont pensé qu’ils pouvaient s’affranchir du stricte respect de la constitution et des institutions républicaines. Notre devoir c’est de mettre un terme à cette dérive. C’est la Mission que le Mouvement Réformateur se donne aujourd’hui et demain. C’est pour ça que nous sommes là. Nous sommes là pour l’unité, la liberté et le progrès. Pas pour que quelqu’un deviennent président et le reste éternellement.

S’agissant particulièrement de l’unité du pays gravement menacée par la guerre dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, je voudrais exhorter les camerounaise et les camerounais à se parler en mettant tout dans la balance pour que le pays retrouve l’unité et la paix. La position de notre parti est claire sur ce conflit. Le Dialogue est la solution et nous n’avons pas besoin d’assistance pour se dire les vérités et aller au-delà de nos différents. Le Président Biya qui a dit être un mendiant de la paix doit dépasser les extrémistes de son camp pour aller solliciter la paix auprès de nos sœurs et frères en rupture avec la République.

Le Mouvement Réformateur par ma voix a salué la rencontre annoncée entre les autorités et les leaders anglophones. Nous apportons notre soutien sans aucune réserve à ces négociations qui évidemment doivent s’étendre à tous les enfants des régions en crise. Le grand Dialogue a été un échec et ceux qui parlent aujourd’hui encore de l’application des résolutions du Grand Dialogue ne veulent pas la paix.

Pour le reste, que les camerounaises et les camerounais s’inscrivent massivement sur les listes électorales, qu’ils se donnent les moyens de reconstruire la paix et l’unité, qu’ils se donnent les moyens de construire la nouvelle nation camerounaise unie, libre et moderne que nous proposons.

Inscrivez-vous sur les listes électorales et ne faites pas attention aux manœuvres qui visent à vous éloigner de votre participation au processus électoral.

Inscrivez-vous sur les listes, inscrivez vos enfants en âge de voter, demandez à vos parents de s’inscrire, demandez à vos amis de s’inscrire. Dites-vous bien que si vous le voulez, le pays changera.

Rejoignez les rangs du Mouvement Réformateur,

Devenez acteur de votre présent et de votre avenir,

Devenez citoyen Libre.

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

Je vous remercie de votre attention

Vive le Mouvement Réformateur,

Vive le Cameroun